À l’annonce de The King of Fighters XV à l’occasion de l’EVO de 2019, SNK a suscité l’enthousiasme de beaucoup de joueurs dans le monde entier. Malheureusement, le développement ne s’est pas déroulé comme prévu et le jeu a pris presque deux ans de retard (il devait initialement sortir en 2020). Après une phase de bêta ouverte sur PlayStation vers la fin de l’année 2021, le voilà enfin disponible, le nouveau jeu de baston qui est chargé de succéder à un KOF XIV qui aura divisé une bonne partie des joueurs à cause d’une transition 2D / 3D pas très réussie. Ce nouveau King of Fighters est disponible sur PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox et PC via Steam et l’Epic Games Store depuis le 17 février 2022.
À L’instar de KOF XIV, on retrouve des personnages polygonnés et des décors en 2.5D mettant définitivement fin aux graphismes en pixel-art de KOF XII & XIII. Les modèles des combattants sont mieux détaillés que dans le quatorzième opus avec de beaux effets qui s’affichent à l’écran lors des attaques spéciales des différents personnages. Nous avons eu l’occasion de jouer au jeu sur console Xbox Séries X et le rendu global (sans être exceptionnel) nous a paru suffisamment accrocheur avec des stages et des arrières plans qui sont souvent colorés et vivants (mention spéciale au stage de Metal Slug) pour faire oublier le rendu d’un autre âge de KOF XIV.
Là ou The King of Fighters XV brille le plus sur les consoles nouvelles générations, c’est qu’en plus de proposer un haut niveau de rendu, le jeu assure aussi un framerate élevé. C’est un plaisir de combattre avec des performances stables dans toutes les situations.
Un mode histoire et une partie en solo qui manquent clairement de consistances :
Le récit de KOF XV va dans la continuité du précédent opus, les protagonistes s’affrontent dans le plus grand tournoi d’arts martiaux du monde avec un climax de fin. Le mode histoire est malheureusement habillé de trois cinématiques et prend plus des airs d’un mode arcade où vous enchainez quelques combats jusqu’à atteindre le boss final avant de voir un scénario tenir sur trois lignes tomber à plat. Voilà comment on pourrait résumer la partie en solo de KOF XV à notre plus grand regret ! Le seul intérêt d’y revenir est de débloquer la bande-son des précédents jeux de la licence et éventuellement pour voir les fins pour chacun des personnages histoire de compléter la galerie… La partie solo de The King of Fighters XV est vraiment limitée et décevante au possible.
OK, on ne joue pas vraiment à la série KOF pour son histoire, mais quand même, à ce rythme les développeurs ne s’embêteront même plus et proposeront uniquement une expérience en ligne avec connexion obligatoire. Heureusement, le jeu offre quand même un mode Versus ou vous pouvez affronter un autre joueur sur le canapé ou pour affronter le CPU dont le niveau d’action peut être paramétré pour pimenter ou au contraire adoucir un peu les choses. Le reste, ça se passe dans la salle d’entrainement pour parfaire ses combos et en ligne ou vous y affrontez d’autres joueurs du monde entier.
Un netcode rollback impeccable pour une expérience de jeu en ligne fluide :
Dans KOF XV, vous pouvez affronter d’autres joueurs en ligne en constituant une équipe de trois combattants dans des modes classés, amicaux ou dans des salons ou tous ceux qui s’y retrouvent s’affrontent à tour de rôle. La première équipe qui élimine les trois combattants de l’autre est déclarée vainqueur.
Vous pouvez décider avant le début d’un match dans quel ordre envoyer les vôtres sur le ring. Vous pouvez choisir trois membres d’une même équipe pour une bonne synergie ou bien constituer la vôtre parmi toute une liste de personnages disponibles. À noter toutefois qu’il n’y a pas de possibilité d’appeler un de ses combattants en renfort quand la jauge de santé de l’un d’eux atteint un seuil critique comme c’est le cas dans certains autres jeux de baston. Quand un combattant à sa jauge de vie à sec, le round se termine et un autre prend sa place sachant que votre adversaire lui encore debout récupère une petite quantité de santé pour le second round. Si les combats avec trois personnages ne vous branchent pas trop, vous pouvez aussi opter pour un Versus à l’ancienne en 1 contre 1. Le jeu offre aussi la possibilité à deux joueurs de s’entrainer ensemble et propose aussi un mode amusant le temps de deux ou trois parties où vous devez attraper le col du personnage adverse.
Malgré le manque d’une vraie nouveauté, on sent tout de même la volonté de proposer une expérience en ligne digne de ce nom notamment en implémentant un netcode rollback qui est là pour assurer des affrontements fluides en réduisant au possible les problèmes de lags et c’est un réel plaisir. Qui n’a jamais été agacé par tous ces problèmes de connexions dans les jeux de combats qui sont sortis ces dernières années à cause d’un netcode à délai qui peut dans certaines situations complètement ruiner l’expérience de jeu ? Avec The King of Fighters XV, les équipes de SNK ont fait le bon choix d’implémenter un code réseau avec récupération des inputs pour des matchs en ligne plus fluides. On regrettera tout de même l’absence du crossplay qui aurait permis à toute la communauté KOF de se retrouver.
Un casting de personnages impressionnant pour des mécaniques de jeu complexes :
The King of Fighters XV offre une grosse sélection de personnages à son lancement, le roster de base compte pas moins de 39 personnages issus des plus grosses licences de SNK comme Fatal Fury, Art of Fighting ou même Ikari Warriors qui sont répartis dans des équipes officielles avec quelques nouveaux venus qui n’étaient pas présents dans les précédents opus de la série KoF comme Dolores, Isla et Krohnen McDougall. Ce casting 5 étoiles sera étoffé au fil des prochains mois puisque 12 nouveaux personnages jouables sont déjà prévus et seront proposés aux joueurs en tant que DLC (payants).
D’ailleurs, les petites cases qui apparaissent au-dessus des 39 combattants de base dans le menu de sélection peuvent laisser penser que toute une liste de personnages est à débloquer en jouant à The King of Fighters XV ce qui n’est pas le cas. Ces 12 cases correspondent en fait aux prochains combattants qui rejoindront le casting dans les prochains mois. Évidemment, les fans des jeux SNK connaissent très bien ce roster, vous pouvez d’ailleurs avoir un aperçu de tous les personnages jouables de The King of Fighters XV ici. Le problème se pose pour les nouveaux venus qui peuvent être perdus en découvrant toute cette liste de combattants…
Il faut savoir que KOF est une série très technique et que chacun des personnages dispose d’un style qui lui est unique avec des mécanismes de jeu qui sont difficiles à exécuter et qui nécessitent d’avoir un esprit vif pour réussir à sortir certaines actions dans les temps. Nous noterons quelques ajustements du mode MAX, mais rien de bien dépaysant si vous venez de KOF XIV. Reste la nouvelle action appelée « Shatter Strike » à maitriser qui permet d’initier un contre inattendu & violent qui peut retourner une situation si le joueur qui l’a initiée arrive à tirer parti de la fenêtre d’action qui s’offre à lui.
Toutes les actions complexes de KOF sont là pour contribuer au rythme des combats… Voir deux joueurs s’affronter tout en maitrisant les différentes mécaniques de jeu est quelque chose d’assez impressionnant et un plaisir pour les yeux de ceux qui observent. Un joueur débutant aura du mal à trouver ses marques et réussir à enchainer plus de trois coups sans que son combo soit stoppé net par ses propres connaissances du jeu… Un sentiment qui peut être assez frustrant surtout à une époque où les joueurs cherchent de plus en plus des expériences de jeu qui se montrent un minimum accessible.
Pour pallier à ce problème et rendre The King of Fighters XV plus moderne, les équipes de SNK ont ajouté à chacun des personnages une série d’auto-combos qui peuvent facilement être initiés en pressant trois fois la même touche ou deux fois suivis d’une autre touche. Évidemment, cet ajout est plaisant pour les débutants et donne un sentiment de réussite, mais ce n’est que de la poudre aux yeux. En situation réelle, il n’y a aucune chance de s’en sortir avec les auto-combos en faisant face à un joueur qui aura pris le temps de passer par la salle d’entrainement et de comprendre toutes les mécaniques de combats. Ce qui en résultera un affrontement ou votre adversaire dominera sans problème le cours de la bataille en utilisant tous les combos inventifs pour lesquels il se sera entrainé alors que vous bataillerez de votre côté pour approcher suffisamment votre adversaire pour initier un de ces combos automatiques…
Heureusement, les débutants ont comme les autres la possibilité de passer par de longues séances d’entrainement, le jeu dispose de nombreux tutoriels pour vous guider et propose même des missions permettant de comprendre comment sortir certains combos les plus impressionnants de chacun des combattants du jeu. Mais là, il faut se faire violence avec des quarts-de-cercle de stick qui peuvent aller d’un côté comme dans l’autre suivi de plusieurs touches à presser. Oui, en apportant une touche d’accessibilité, The King of Fighters XV n’oublie pas de se montrer aussi exigeant et de conserver son héritage de jeu de baston à l’ancienne.
★ En conclusion, The King of Fighters XV, le roi des jeux de baston ?
Avec The King of Fighters XV, les équipes de SNK continuent de peaufiner une formule qui fonctionne tout en essayant d’apporter une touche d’accessibilité à leur titre pour s’ouvrir à un public plus large. Les fans eux peuvent se rassurer, car le gameplay est toujours aussi technique et exigeant. Un joueur qui utilise les auto-combos n’aura aucune chance de faire face à des vétérans qui passent des heures à s’entrainer dans le but de maitriser leurs personnages favoris. On regrettera que l’effort fourni pour la partie solo se limite à un mode histoire ou l’on enchaine une poignée de combats sans la moindre consistance scénaristique… On s’attendait à mieux de la part de SNK à ce niveau. Si le jeu se montre globalement bon dans ce qu’il offre, il reste encore des efforts à fournir pour proposer aux fans une expérience KOF inoubliable.