Si le petit gars à la casquette rouge de Nintendo s’en sort plutôt bien dans presque tout ce qu’il entreprend, voilà bien longtemps que « Sonic the Hedgehog » de Sega se cherche, enchainant bons et mauvais épisodes. La Sonic Team a bien du mal à trouver la bonne orientation pour le personnage, la formule n’est jamais la même et quand l’équipe de développement tente une nouvelle approche pour la franchise, on n’est jamais très loin de la catastrophe… Preuve avec Sonic Forces sorti en 2017 qui a bien eu du mal à convaincre les joueurs dans l’ensemble. Après ce nouvel échec, nous sommes restés plusieurs années sans avoir de nouvelles du hérisson bleu, bien que Takashi Iizuka déclarait en 2019 que le développement d’un nouveau jeu avait débuté.
Avance rapide, nous sommes fin 2021 et Sega dévoile enfin les premières images de Sonic Frontiers. Le hérisson apparait dans des décors hyper vaste, proche du monde ouvert, et ce qui saute aux yeux c’est que cet espace de jeu parait bien vide laissant les fans dans l’incertitude. Un an plus tard, nous y sommes, Sonic Frontiers est disponible (depuis le 8 novembre 2022), le hérisson bleu est prêt à livrer ses nouvelles aventures sur la plupart des plateformes de jeu actuel (PlayStation, Xbox, Switch et PC).
Quand Sega a présenté cette nouvelle formule, tout laissait penser qu’il s’agirait d’une mauvaise expérience. C’est l’impression que nous avions à chaque nouvelle apparition du jeu. Pourtant (et on doit le dire), manette en mains, c’est autre chose. Sonic Frontiers nous a surpris et dans le bon sens, nous n’attendions pas un jeu avec de telles qualités. Les équipes qui ont bossé sur ce nouvel opus ont su insuffler une réelle identité à l’ensemble !
Dès le début de l’aventure, Sonic se retrouve coincé sur un ensemble d’îles anciennes (les mystérieuses Starfall Islands) tandis que ses amis eux sont enfermés dans une sorte de monde numérique lié à ces îles. Le hérisson doit explorer un vaste monde tout en tentant de comprendre les motivations d’un mystérieux personnage appelé « Sage », agissant comme un antagoniste. On avance dans l’histoire en rassemblant des fragments de souvenirs servant à reconstituer lentement le puzzle et tout en réunissant les émeraudes du chaos pour déjouer les plans du Dr Robotnik (ou plutôt le Dr. Eggman) qui est bien au centre de l’intrigue comme vous pouvez vous en douter. Au fur et à mesure que vous progressez, vous apprenez de nouvelles informations sur les îles et l’histoire qui les entourent.
Il faut savoir que le jeu est entièrement doublé en français, mais disons-le d’office, c’est une grave erreur de jouer avec ce doublage. Les comédiens qui prêtent leur voix aux personnages ne sont jamais vraiment dans le ton (mention spéciale au doubleur de Sonic qui a fait son maximum pour livrer sa pire prestation). En optant pour les voix japonaises, on se retrouve avec quelque chose de quand même bien meilleur et dans le ton des scènes qui se jouent à l’écran. Heureusement qu’une option nous laisse le choix du doublage, car il aurait été difficile d’aller au bout de l’aventure avec un doublage français aussi désastreux. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas entendu quelque chose d’aussi mauvais dans un jeu vidéo.
Mais passons, si au premier coup d’oeil on s’imagine pouvoir explorer un vaste monde ouvert. Nous devrions plutôt parler de grandes zones. Le jeu se déroule en effet sur cinq îles distinctes que le hérisson peut explorer à tour de rôle une fois qu’il est entré en possession de toutes les émeraudes du chaos. Bien que l’objectif de départ donné au joueur soit précis, à lui de décider la manière d’y parvenir. Vous êtes lâché dans ces grands espaces ouverts et décidez de la marche à suivre. Votre but est de rassembler assez de fragments mémoriels et de clés spéciales pour faire avancer l’histoire.
Sonic fonce à une vitesse ahurissante dans ces grands espaces, saute de rail en rail et résout certaines énigmes en chemin pour faire apparaitre de nouveaux éléments dans le décor ou pour obtenir des informations importantes sur son environnement et ce qui l’entoure. Le jeu offre de très nombreuses activités à la fois variées et amusantes.
Nous avons joué au jeu sur une « Xbox Séries X ». Visuellement, Sonic Frontiers s’en tire très bien et affiche un framerate solide tout au long de l’aventure. On notera certaines pop-in désagréables sur certains éléments du décor, mais on y prête peu d’attention quand Sonic atteint une vitesse fulgurante. Nous sommes au courant que le jeu s’en sort moins bien sur les précédentes générations de consoles de jeux de PlayStation ou Xbox. Il est clair que le jeu a été conçu pour les consoles de dernière génération.
En explorant les différentes zones, on tombe sur des ennemis de toutes formes et de toutes tailles. Le jeu possède un excellent bestiaire et met en avant les affrontements les plus stylés que le hérisson bleu aura pu livrer dans toute sa carrière.
Sonic peut apprendre de nouveaux mouvements à mesure que le joueur progresse dans l’aventure. Chaque action rapporte des points de compétences à dépenser ensuite dans un système d’arbre de compétences typique que l’on retrouve dans les RPG d’actions d’aujourd’hui. Si Sonic a accès à un panel de coups intéressants, on regrettera toutefois la maigreur de cet arbre de compétences. Tout est débloqué vers la moitié de l’aventure ce qui fait qu’après on cumule des dizaines de points de compétences qui ne servent plus à rien.
En vainquant certains ennemis, Sonic obtient des engrenages qui servent de clés pour des piliers que l’on trouve aux quatre coins des îles à explorer. Ces piliers mènent à des niveaux qui offrent un point de vue différent à l’aventure et proposent un gameplay plus classique de la mascotte de Sega. Ces niveaux sont assez courts, mais mettent en avant quelques missions annexes à atteindre comme réussir à finir le plus vite possible, récupérer toutes les pièces rouges ou terminer le niveau avec un certain nombre de Rings en poche. Ces missions déterminent à la fin le nombre de clés que vous obtenez pour libérer les émeraudes du chaos.
Nous noterons deux problèmes majeurs dans Sonic Frontiers. La difficulté quasiment inexistante et la redondance des choses. Même en mode difficile, l’aventure se termine limite avec une main dans le dos. Il est impossible de ressentir la moindre difficulté en jouant à Sonic Frontiers et ça aura été l’une de nos plus grosses frustrations au cours des 25 heures que nous avons passées dessus. La faute à des phases de gameplay bien trop assisté, on regarde souvent le hérisson faire des cabrioles à toute vitesse sur des rampes sans en avoir réellement le contrôle tandis que pendant les phases de combats, Sonic semble beaucoup trop puissant pour les ennemis qu’il affronte. Le jeu tente d’ailleurs d’introduire certaines mécaniques de RPG avec notion de force, défense ou vitesse qu’il est possible d’améliorer, mais en l’absence d’une vraie difficulté, ça ne sert strictement à rien.
Et c’est bien dommage, car certains ennemis que l’on rencontre dans le jeu transpirent la classe à tous les étages. Les équipes de développement ont redoublé d’efforts pour donner un côté épique aux affrontements qui se déroulent sur fond de musiques dignes de la foudre bleue. Le meilleur reste les rencontres que vous vivez à la fin de chaque île où vous luttez avec un énorme titan en incarnant Super Sonic (vous savez quand le hérisson devient jaune tout étincelant). Entre la musique et la mise en scène, le jeu nous fait vivre un très grand moment. Et c’est là qu’on découvre toute la redondance du concept…malheureusement !
Au cours de l’aventure, on explore plusieurs îles ouvertes. Toutes les îles offrent une ambiance différente. Le problème c’est la structure qui emprunte la même voie à chaque changement d’île, ce qui rend les choses hautement répétitives. Vous arrivez sur une île, vous rassemblez des fragments de souvenirs en explorant la zone ouverte pour pouvoir interagir avec vos amis coincés dans le monde numérique et faire avancer l’histoire. Vous passez ensuite par des portails dispersés aux quatre coins de la carte pour vivre deux ou trois minutes intenses dans un niveau qui reprennent l’apparence des Sonic classique pour récupérer des clés qui vous permettront d’obtenir des émeraudes du chaos. Une fois que vous les avez toutes récupérées, vous vous transformez en Super Sonic et affrontez un titan gigantesque (affrontement qui est certes très classe) avant de découvrir une nouvelle île et recommencer encore et encore le même cycle jusqu’à la fin de l’aventure, faisant perdre à Sonic Frontiers toute son originalité de départ…
En conclusion, Sonic Frontiers un bon jeu à faire ?
Sonic Frontiers est probablement le meilleur jeu Sonic 3D sortie depuis longtemps. Avec ce nouvel opus, le hérisson bleu semble être au top de sa forme. Le jeu nous offre de grands espaces ouverts vraiment intéressants à explorer et des niveaux classiques qui font vibrer la fibre nostalgique. Avec cet opus Sonic livre aussi les affrontements les plus mémorables de sa carrière sur une bande-son tout aussi extraordinaire. Malheureusement, certains aspects du titre font un peu tache comme la difficulté totalement inexistante et la structure hautement répétitive de l’ensemble. La formule est bonne, mais il va falloir peaufiner ces aspects pour obtenir enfin le jeu Sonic ultime qui mettra tout le monde d’accord. Malgré tout, l’aventure vaut la peine d’être vécue, il s’agit certainement d’un pas dans la bonne direction pour la franchise.