Sakura Taisen est l’une des licences les plus importantes de SEGA ayant fait ses dĂ©buts sur Saturn dans les annĂ©es 90. Elle a gagnĂ© en popularitĂ© au fil des gĂ©nĂ©rations avec des spin-offs, des anime, des mangas au point de devenir très TRĂˆS populaire au japon. Malheureusement en 2005, après la sortie de Sakura Taisen V (Sakura Wars So Long, My Love) sur PS2, la sĂ©rie fait une assez longue pause surement Ă cause des Ă©vènements majeurs qui ont chamboulĂ© la sociĂ©tĂ©.Â
Après un portage de Sakura Wars So Long, My Love sur Wii en 2010, il aura fallu attendre jusqu’en 2020 pour pouvoir jouer Ă un nouvel Ă©pisode de cette sĂ©rie, intitulĂ© « Sakura Wars » tout simplement et qui est une sorte de soft reboot. Le mangaka Tite Kubo a participĂ© Ă la crĂ©ation du titre, accompagnĂ© d’autres grands noms de l’industrie. Sakura Wars est propulsĂ© par un nouveau moteur de jeu, il met en vedette de nouveaux personnages et se veut Ăªtre un nouveau point de dĂ©part pour la sĂ©rie. Nous avons rĂ©cemment eu l’occasion de tester le jeu (post-dĂ©confinement), nous vous livrons nos impressions sur ce nouveau titre dĂ©veloppĂ© par les Ă©quipes de Sega qui est actuellement disponible sur PS4 (depuis fin avril 2020) en version digitale et physique et qui profite d’une localisation avec des sous-titres FR intĂ©grale, qui l’aurait cru !
Il faut savoir que Sakura Wars est un phénomène culturel au Japon, eux qui sont particulièrement adeptes de « Visual Novel ». La licence est tellement populaire au Japon qu’à sa sortie, le jeu s’est hissé à la deuxième place lors de sa première semaine de vente, derrière Pokémon Épée et Bouclier. Si le jeu jouit d’une certaine popularité sur l’archipel nippon, on ne peut pas dire que la licence soit encore très connue en occident.
Sakura Wars dans les grandes lignes ça raconte quoi ?
Dans Sakura Wars, vous prenez le contrĂ´le d’un certain Seijuro Kamiyama, ancien membre de la marine japonaise qui est affectĂ© au grand thĂ©Ă¢tre impĂ©rial de Tokyo. Dix ans après la bataille qui a ravagĂ© une partie du pays en Taisho 19, la ville a dĂ» Ăªtre entièrement reconstruite et reprĂ©sente dorĂ©navant un symbole de paix et de prospĂ©ritĂ© dans le monde. Une vision Ă©dulcorĂ©e et fictive du Japon Ă l’ère Taisho. D’ailleurs, la ville de Tokyo est en proie rĂ©gulière Ă des attaques de dĂ©mons et c’est la troupe de Shanghai (Chine) qui protège la population de ces attaques rĂ©pĂ©tĂ©es.
Ă€ son arrivĂ©e, Seijuro Kamiyama se voit attribuer le poste de capitaine de la brigade des fleurs. Une division de la troupe impĂ©riale et bataillon composĂ© de 5 pilotes de robots de combat gĂ©ants Ă vapeur essentiellement fĂ©minin. PrĂ©cisons que la technologie Steampunk alimente tout, des transports en commun aux maisons en passant par les structures qui bordent les rues. Kamiyama dĂ©couvre très vite que la tĂ¢che qui lui est confiĂ©e ne sera pas de tout repos notamment par le fait que le thĂ©Ă¢tre de Tokyo est proche de la faillite et que la dissolution de cette troupe est quasiment engagĂ©e. Et pour cause, leur inefficacitĂ© face aux attaques de dĂ©mons ainsi que leur incapacitĂ© Ă maintenir le thĂ©Ă¢tre prospère…Â
Chaque représentation de la troupe provoque les railleries des spectateurs… Le jeu d’acteur des filles qui se produisent sur scène est d’une grande médiocrité. Seijuro Kamiyama (et vous le joueur) doit tout mettre en oeuvre pour redresser la barre et éviter la disparition de la brigade des fleurs composée de Sakura Amamiya, l’ami d’enfance du personnage que vous contrôlez, Hatsuho Shinonome, Azami Mochizuki une enfant de 13 ans qui se prends pour un ninja et d’autres protagonistes hauts en couleur comme Claris Snowflake & Anastasia Palma. Toute la troupe doit redoubler d’effort pour remettre les compteurs dans le vert ce qui va les conduire à tenter de remporter les Olympiades Interbrigades, un évènement largement médiatisé qui n’a lieu qu’une fois tous les deux ans et seul espoir pour la brigade des fleurs de montrer au reste du monde qu’ils servent encore à quelque chose.
Dans Sakura Wars vous alternez entre phases « d’aventures » et phases de « combats ». En aventure vous vous dĂ©placez dans une petite ville impĂ©riale des annĂ©es 40 dont le centre est un thĂ©Ă¢tre, tout en discutant avec les personnages et en regardant des scènes qui font avancer l’histoire et qui tournent autour de la brigade des fleurs. Le but Ă©tant de se lier et d’amĂ©liorer ses relations avec les diffĂ©rents protagonistes qui servent d’interlocuteurs Ă Seijuro Kamiyama. Ainsi, vous passez la majoritĂ© de votre temps Ă vous dĂ©placer entre les diffĂ©rentes destinations de Tokyo et le quartier de Ginza tout en discutant avec les personnages aux modèles vraiment soignĂ©s.Â
Et c’est ce qui se remarque dès les premiers instants de jeu, la grande qualitĂ© des modèles 3D que les Ă©quipes de Sega ont utilisĂ©s dans Sakura Wars, les personnages et environnements sont particulièrement beaux. Nous avons mĂªme trouvĂ© que les scènes animĂ©es Ă©taient en dĂ©ca de ce que pouvait proposer le moteur graphique du jeu qui fait franchement le job aussi bien visuellement que dans les animations. Avec une telle esthĂ©tique, il serait dommage de s’enliser dans la mĂ©diocritĂ© dont le seul but serait de draguer toutes les filles de Tokyo… Et pourtant…!
Toutes les filles de Tokyo sont amoureuses de Kamiyama :
Assez souvent dans les dialogues, vous serez amenĂ© Ă prendre des dĂ©cisions qui orienteront la discussion et qui renforcera peut-Ăªtre votre relation avec les personnages ou au contraire, dĂ©graderont vos liens. Ces choix souvent multiples doivent Ăªtre sĂ©lectionnĂ©s en un temps limitĂ©, vous n’avez pas vraiment le temps de rĂ©flĂ©chir Ă ce que vous allez rĂ©pondre et dans quel sens votre rĂ©ponse influencera le dĂ©roulement et la rĂ©action de votre interlocuteur-(trice). Parfois, vous pourrez interagir d’autres façons, par exemple en augmentant la tonalitĂ© de votre rĂ©ponse pour vous affirmer ou au contraire rĂ©pondre timidement et montrer de l’hĂ©sitation.Â
Puis vient les moments de tĂªte Ă tĂªte qui se dĂ©roulent Ă la manière d’un point’n’click ou vous devez cliquer sur diffĂ©rentes parties de l’Ă©cran via un curseur pour dĂ©clencher diverses actions / dialogues dans le but de vous rapprocher de ces demoiselles avec des scènes proches du malaise ou elles vous diront d’un teint rouge Ă©carlate « Ooh Kamiyama ♥, tu te tiens si près de moi, je me sens toute chose » et lĂ vous tenterez l’approche directe, lui tripo… euh lui prendre la main et elle reculera brusquement en vous annonçant que les choses vont trop vite pour elle et que ça lui donne l’impression « que vous Ăªtes dĂ©jĂ en couple » alors que ce n’est « pas encore » le cas.
Vous le sentez le malaise ? Si le public japonais est rĂ©ceptif Ă ce genre de scènes un peu « cucul », disons-le, pas sĂ»r que ça fonctionne vraiment sur les joueurs occidentaux ou alors sur une minoritĂ© de joueurs qui connaissent la sĂ©rie depuis longtemps et qui y jouent en toute connaissance de cause. Ces plans en tĂªte Ă tĂªte peuvent Ăªtre esquivĂ©s, bien sĂ»r, mais ils nous ont paru presque essentiels pour le bon dĂ©roulement du scĂ©nario et notamment Ă cause des diffĂ©rentes fins qu’il est possible d’atteindre dans le jeu et qui sont liĂ©es Ă vos affinitĂ©s avec tel ou tel membre de la brigade des fleurs.
Un scénario plutôt riche, drôle et qui gagne en profondeur au fil des chapitres :
Nous rigolons un peu de ces plans de dragues lourdingues qui n’ont pas de sens, mais dans les faits le scĂ©nario de Sakura Wars est relativement bon et gagne en profondeur Ă mesure que vous avancez dans les diffĂ©rents chapitres avec quelques rebondissements inattendus. Nous avons mĂªme tendance Ă penser que le scĂ©nario est la force de ce Sakura Wars et ce qui est le plus rĂ©ussi dans le jeu. Du dĂ©but Ă la fin, on a envie de savoir quel sort est rĂ©servĂ© Ă cette troupe, sachant qu’au fil de l’histoire des mĂ©chants dons certains assez charismatiques vont se rĂ©vĂ©ler et que le jeu va prendre une tout autre tournure. Certains passages sont aussi vraiment très drĂ´les, il n’y a aucun doute que la brigade des fleurs laissera son empreinte dans votre esprit si vous tentez l’expĂ©rience.
Des phases de combats en robot Beat’em All / Up qui manquent terriblement de punch :
Et c’est tout le problème, il y a eu un gros travail sur l’esthĂ©tique du jeu, l’aspect Visual Novel et l’histoire en gĂ©nĂ©rale, mais les combats en robots sont vraiment limites… Voire sans aucune profondeur de gameplay. C’est trop facile, vous pouvez littĂ©ralement abattre un boss en une seule attaque et il n’y a aucun aspect Ă gĂ©rer, pas de statistiques, pas d’équipements, RIEN. Prenez par exemple le robot de Kamiyama, arrangez-vous pour arriver au bout du donjon avec votre jauge d’attaque spĂ©ciale pleine, envoyez la sauce et le boss ne survivra mĂªme pas Ă un seul assaut. La puissance de vos robots et le moral de vos troupes sont liĂ©s aux liens que vous avez tissĂ©s avec les principaux protagonistes de la brigade des fleurs. Avant de commencer chaque mission, vous pouvez vĂ©rifier ce que les autres pensent de vous.
Vous avez tout de mĂªme la possibilitĂ© de switcher de robots pendant les batailles et switcher sur celui d’un autre membre de la brigade des fleurs. Mais la façon de jouer ne changera pas radicalement, vous devrez appuyer sur deux seuls boutons pour sortir une liste de combos des plus limitĂ©s. PrĂ©cisons aussi que le changement de personnage durant ces batailles est très pĂ©nible et rĂ©ponds très mal. Vous devez limite Ăªtre Ă l’arrĂªt pour que le jeu accepte de bien vouloir vous laisser prendre le contrĂ´le d’un autre robot… Dans le genre, on a connu mieux (FF 7 Remake par exemple ou le changement est instantanĂ© et mĂªme en pleine action).
★ En conclusion, Sakura Wars est un bon jeu ?
Les fans de la première heure qui connaissent la sĂ©rie de longue date seront certainement très heureux de dĂ©couvrir ce nouvel Ă©pisode de la sĂ©rie Sakura. MalgrĂ© cela, on ne peut pas ignorer le manque de profondeur du titre… Pas de statistiques pour les personnages ou les mechas que vous contrĂ´lez, pas d’emplette Ă faire dans les beaux environnements de Tokyo style annĂ©es 40 Steampunk, non au lieu de ça Ă©normĂ©ment de plans dragues sans intĂ©rĂªt et des phases de combat qui se rĂ©sument Ă appuyer sur trois touches dans des donjons qui tiennent Ă peine 15 minutes de jeu ou vous partez d’un point A Ă un point B sans aucune libertĂ© d’action.
Heureusement, le titre n’est pas non plus dĂ©nouĂ© d’intĂ©rĂªt. L’histoire reste intĂ©ressante constituant mĂªme le principal point fort du soft tout en proposant de multiples fins et certains aspects du jeu comme le jeu de cartes Koi-Koi ou les simulations de combat-Tank permettent de casser la monotonie du dĂ©coupage des chapitres. Visiter Tokyo, phases de dragues intenses avec la brigade des fleurs pour conclure sur 15 minutes de phase de combats en robots assez limitĂ©s… Dommage !