En 2017 sortait un certain Persona 5 sur PS3 et PS4, la cinquième entrée de la licence (cinq jeux principaux) dérivée d’Atlus « Shin Megami Tensei », une franchise du JRPG qui existe depuis plus de 20 ans. Alors que la série Persona profitait déjà d’une belle aura dans le coeur des joueurs, c’est bien avec ce cinquième opus que la cote de popularité de la licence a explosé à travers le monde. Les équipes d’Atlus et P-Studio ayant mis les bouchés doubles pour proposer une expérience de jeu dont tout le monde se souviendrait.
Pari réussi, Persona 5 se fait très vite remarquer pour son scénario qui traite de sujets de sociétés, sa direction artistique atypique, sa bande-son d’une grande richesse le tout couplé à une durée de vie colossale. Mais ce qui rend Persona 5 si bon, c’est son gameplay aux mécaniques huilées et addictives et notamment son système de combat très dynamique qui prouve encore aujourd’hui qu’il est tout à fait possible de moderniser les RPG avec des affrontements « au tour par tour ».
Pour ces qualités, Persona 5 est souvent perçu comme étant le meilleur JRPG de sa génération et nul doute que cette reconnaissance des critiques et des joueurs est largement justifiée. Avec cette popularité croissante, quoi de mieux pour Atlus et Sega d’annoncer et de proposer une nouvelle version du jeu dont le contenu serait enrichi ? En fait, il n’y a rien de bien surprenant à cela, puisque ce n’est pas la première fois qu’ils procèdent ainsi avec cette franchise quand on pense que Persona 3 et 4 à leur époque était tous deux sorti dans des versions plus complètes / améliorées.
Persona 5 ne déroge pas à la règle avec la sortie de Persona 5 Royal en 2020 sur PS4 puis depuis le 21 octobre 2022 sur tous les supports de jeu existant qui est une version améliorée du soft de base. N’y allons pas par quatre chemins, Persona 5 Royal prend tout ce qu’il y a de bon dans Persona 5 pour le rendre encore meilleur. Et ce n’est pas tout, pour justifier de repasser à la caisse, l’éditeur a eu l’intelligence de proposer une traduction française du jeu (pour la version PS4) et le combo 4K60 FPS pour l’édition 2022 (et aussi la portabilité grâce à la Nintendo Switch ou le Steam Deck !). Si beaucoup se sont privés de jouer à ce monument à sa sortie initiale car il n’était pas traduit, les choses sont désormais différentes avec la sortie de « Persona 5 Royal » puisqu’il est possible de découvrir cette aventure sans se poser de questions concernant la barrière de la langue.
Dressons tout de même bien haut le carton rouge pour la version PlayStation 5 qui est vendue au plein tarif, même pour ceux qui possèdent la version « Royal » sur PS4. Ce qui est vraiment dommage pour le coup, il aurait été plus judicieux de remercier les fans ayant acheté le jeu précédemment en leur offrant la mise à niveau. Pour les joueurs Xbox / PC / Nintendo Switch, c’est une autre histoire et ils peuvent même se réjouir, puisque le jeu fait ses premiers pas sur ces supports. Si vous lisez notre test jusqu’au bout, vous comprendrez que Persona 5 Royal est une valeur sûre, cette version enrichie par rapport au jeu de base a permis aux équipes d’Atlus d’étendre l’histoire avec un tout nouveau semestre scolaire qui apporte aussi un nouveau palais et une nouvelle intrigue.
Il y a deux nouveaux confidents, Kasumi et Takuto, de nouvelles activités annexes et cette version comprend également tous les DLC déjà sortis à ce jour (plus de 40 éléments)… Il faut au bas mot plus de 130 heures pour voir le bout de l’aventure. Le tout maintenant en 4K natif (Xbox Séries / PC / PS5) et en 60 FPS. À noter d’ailleurs pour les joueurs Xbox que Persona 5 Royal peut être téléchargé directement via le GamePass si vous êtes abonné. Pour avoir eu l’occasion d’essayer la version Xbox Séries X, il est agréable de constater les biens faits des 60 FPS, le jeu gagne nettement en fluidité. La 4K (sur ce support) permet aussi d’avoir une image plus nette balayant au passage l’aliasing qu’on pouvait voir dans certains lieux de la version 2020 qui est sortie sur PS4.
Il s’agit assurément de la version ultime d’un des plus grands JRPG de la dernière décennie. Pour les joueurs PlayStation, nous pouvons comprendre que la pilule a du mal à passer étant donné que cette édition est vendue au prix fort alors qu’une simple mise à niveau aurait été possible pour l’éditeur. L’avantage de cette version, c’est surtout que tout le monde peut maintenant découvrir ce grand classique d’Atlus.
En croisade contre une société pleine d’hypocrisie :
Persona 5 Royal c’est l’histoire d’un groupe d’adolescents qui ont la capacité de voyager dans un monde appelé « Metaverse », dans lequel ils sont capables de transformer le cœur de mauvaises personnes, ils infiltrent ainsi les esprits corrompus et tentent de provoquer chez leur hôte une métanoïa pour les remettre dans le droit chemin. Leur bande, connue sous le nom de « Voleurs Fantômes de Cœurs », entame une longue croisade contre une société pleine d’hypocrisie afin d’éliminer les intentions malveillantes du cœur des gens pour une société tokyoïte plus juste.
On y incarne « Ren Amamiya », un lycéen de deuxième année qui a eu des démêlés avec la justice à la suite d’une fausse accusation alors qu’il tentait de venir en aide à une femme se faisant agresser dans la rue. Ce qui l’oblige rapidement à quitter son foyer pour venir s’installer à Tokyo pour y purger « une peine » d’un an en probation. Devant dorénavant trouver ses repères dans son nouveau foyer au café Leblanc ou il est surveillé par Sojiro Sakura, et un nouveau lycée « l’académie Shûjin », Ren va très rapidement se rendre compte qu’il possède un pouvoir plutôt spécial « celui de rentrer dans les palais intérieurs des personnes » et de pouvoir exploiter la puissance des Personas. Si dans le monde réel il porte un uniforme de l’académie Shujin et semble mener une vie tout à fait banale d’un étudiant, dans le Métaverse, il devient « Joker », portant un grand manteau noir et un masque. Bien sûr, il ne sera pas tout seul dans cette quête puisque notre protagoniste va se lier à d’autres étudiants de l’académie Shujin qui partageront les mêmes pouvoirs que lui, dont un étrange chat qui les guidera dans leur quête.
Persona 5 Royal reprend la trame de l’original dans les grandes lignes en y ajoutant de nouveaux passages, de nouveaux personnages, des arcs narratifs et scènes inédites avec même des fins alternatives jusqu’à un semestre supplémentaire inédit à découvrir en fin de partie, autant le dire, après plus de 100 heures de jeu au compteur. Nous ne nous étendrons pas sur le scénario, mais celui-ci constitue l’un des principaux atouts de Persona 5 et encore plus dans cette édition « Royal ». Si vous n’avez jamais vécu l’aventure d’origine, vous découvrirez bien assez vite toute la richesse du récit. Ceux qui connaissent déjà l’histoire (ce qui était notre cas), il est amusant de voir au fil de la progression tous les changements et ajouts qui viennent enrichir la quête des Phantom Thieves, on ne peut être qu’admiratif devant le travail accompli pour imbriquer tous ses éléments comme s’ils avaient toujours eu leur place dans le jeu.
De voleur fantôme à vie de lycéen banal :
Dans Persona 5, vous menez une double vie, celle dans le monde réel ou vous gérez les tracas du quotidien et l’autre au coeur du Métaverse ou une partie de la psyché (la part sombre d’un individu) donne forme à toutes sortes de palais étranges. Une partie des activités du monde normal se déroule à l’Académie Shujin, l’université où Joker poursuit son cursus scolaire pour un an. Vous y suivez les cours comme un étudiant lambda, vous vous promenez dans les couloirs de l’académie, parlez à vos camarades, et participez à toutes sortes d’activités extra scolaires. Pendant les cours, vous êtes régulièrement interrogé par vos professeurs. Il est donc important d’être attentif surtout que viendra tôt ou tard le moment ou vous devrez passer des examens permettant d’évaluer vos acquis.
Chacune de vos actions dans le monde réel a pour effet de faire avancer le temps. Vous devez donc vous organiser dans votre emploi du temps pour ne pas gaspiller de précieuses journées « à ne rien faire » sachant que chacune de vos actions auront un impact significatif sur les statistiques « de vie » de votre personnage lui permettant de gagner en charisme, en courage, en intelligence et d’autres paramètres qui se montreront essentiels au fil de la progression pour pouvoir prendre certaines décisions ou entreprendre certaines activités. De même que le jeu vous encourage vivement à entretenir des liens avec vos amis et autres relations rencontrées en cours de route qui auront caractère à devenir des « confidents » de Joker offrants toutes sortes d’effets bonus dans les palais lorsque vous faites progresser leur rang (jusqu’à 10 rangs chacun). Très vite le jeu vous impose des « deadlines » vous obligeant à vous organiser au mieux et choisir entre vos activités du monde réel et l’infiltration des palais en vue de voler le coeur (le trésor) de son hôte.
À noter que chaque confident est lié à une catégorie de « Personas » ce qui permet de gagner de l’expérience bonus en procédant à des fusions lorsque vous êtes dans la Velvet Room, prison intérieure du protagoniste où il y fera d’étranges rencontres et surtout un lieu important pour le joueur puisque c’est ici que vous gérez vos Personas. La Velvet Room gagne d’ailleurs en intérêt dans cette édition « Royal » puisqu’il est désormais possible de relever toutes sortes de défis lancés par les jumelles Caroline et Justine dont le but est de marquer un maximum de points en moins de tours possibles pour gagner toutes sortes de récompenses.
Un système de combat qui gagne encore plus en dynamisme :
Avec Persona 5, le tour par tour est dans une forme olympique et donne une belle leçon à tous ces studios qui pensent à tort et à travers que ce type de gameplay est chiant et mou et qu’il n’est plus possible de le moderniser. Si le dynamisme des affrontements était déjà bien présent dans la version sortie en 2017, avec Persona 5 Royal, les équipes d’Atlus et P-Studio ont réussi un coup de maître en rendant le système encore plus solide en introduisant de toutes nouvelles mécaniques de jeu permettant d’avoir des combats encore plus rapide, plus fluide, plus stratégique et au final encore plus fun. Les combats tournent autour d’un système de faiblesse où un ennemi a un élément connexe et un autre qui constitue son talon d’Achille que vous cherchez toujours à découvrir pour prendre l’avantage. En clair, quand vous mettez le doigt sur une faiblesse d’un ennemi vous gagnez un tour « 1-more » qui vous permet de jouer à nouveau et les choses continueront si vous continuez d’exploiter les faiblesses des autres adversaires présents dans le combat.
Lorsque vous réussissez à toucher un point faible, vous pouvez dorénavant faire un transfert et transmettre votre tour supplémentaire à un autre personnage, qui gagnera alors un bonus de force et qui pourra à son tour transmettre le relais à un autre personnage en continuant à exploiter les faiblesses d’un ennemi. Maintenant, les Ombres que vous affrontez dans les palais peuvent apparaitre avec des « défauts » qui se transforment en bombe lorsque vous les attaquez. Il faut alors choisir la bonne façon d’attaquer ces cibles pour que les choses ne se retournent pas contre votre équipe.
Un contenu colossal, des heures et des heures de jeu en perspective :
Si l’aventure dans le jeu initial était déjà relativement longue, dites-vous que c’est encore pire avec cette édition « Royal ». Le soft demande un certain investissement, il faut au bas mot 100 heures pour en voir le bout en ligne droite et encore plus si vous cherchez à compléter toutes les activités du jeu. Les équipes d’Atlus ne se moquent pas des joueurs quand il s’agit de parler « contenu ». Nous pouvons par exemple vous dire que pendant les phases d’exploration des palais, Joker peut dorénavant utiliser un grappin pour accéder à de nouvelles zones ou s’y introduire différemment, de même que dans chaque palais il sera dorénavant possible de récupérer trois graines de convoitise cachées dans de nouvelles zones. Les défis de la Velvet Room apportent un challenge supplémentaire il faut d’ailleurs aussi s’attendre à de nouveaux combats de boss et des mécaniques différentes dans le palais du « mémento » ou un nouveau personnage « José » entre en scène. Celui-ci vous offre des récompenses pour votre exploration en échange d’une nouvelle monnaie exclusive à ces lieux. Enfin, parmi les nouveautés, un repaire spécial ou vous pouvez débloquer de nombreuses illustrations de Persona 5, des vidéos et vous pouvez même jouer aux cartes « le Magnat ». Des heures et des heures de jeu en perspective. Un mot pour les joueurs qui ont déjà terminé la version sortie en 2017, il n’y a aucun moyen de transférer votre progression de l’original à Royal, vous êtes obligé de tout recommencer depuis le début.
En conclusion, Persona 5 Royal c’est comment ?
Dans ce test nous avons effleuré une infime partie du contenu de ce Persona 5 Royal. Il y a tellement de choses à dire qu’un seul test ne suffirait même pas. Persona 5 Royal est une oeuvre qui ne vous laissera pas indifférent, c’est certain. De la conception des personnages à la bande sonore dirigée par Shoji Meguro en passant par les intrigues et l’histoire en général, tout semble maitrisé sur le bout des doigts, vous y vivrez une aventure qui risque de vous marquer à jamais. Le gameplay arrive à être encore meilleur que dans la version de base alors que tout semblait déjà si parfait en 2017, les équipes d’Atlus prouvent que les jeux qui proposent des combats « au tour par tour » sont loin d’être dépassé et qu’il est tout à fait possible de moderniser et amener une dynamique à la formule encore aujourd’hui.
Surpassant l’oeuvre originale, Persona 5 Royal risque de vous laisser un grand vide après l’avoir terminé, les « Voleurs Fantômes » feront une dernière victime et ce sera vous. Après avoir mis la barre si haute, comment les équipes d’Atlus et Sega vont réussir à proposer mieux aux joueurs avec un éventuel Persona 6 dans quelques années, nous sommes impatients de le découvrir.