À l’instant où vous démarrez WarGroove, vous replongez immédiatement en enfance. Cette nouvelle production toute en « pixel art » est une véritable lettre d’amour aux jeux stratégiques d’antan et notamment à la licence oubliée de Nintendo, Advance Wars disparu de la circulation depuis bien trop longtemps maintenant. Avec sa présence, Wargroove tente de combler le manque de cette série en reprenant ses bases et son style. Sauf que là on troque les chars pour un univers médiéval.
Le jeu est développé par le studio indépendant Chucklefish, il se déroule à la manière d’un jeu tactique au tour par tour avec des déplacements en cases par cases ou les joueurs doivent gérer différents types de troupes et remplir un objectif précis pour avancer dans les différents modes de jeu. Disponible depuis quelques mois sur Nintendo Switch, Xbox One ou PC, WarGroove a récemment déboulé sur PS4, version que nous testons ici.
Dans le mode campagne, le jeu débute sur l’assassinat du roi Mercival dans le château de Carmina. Sigrid (que vous contrôlez dans la mission de prologue) est une vampire de l’ouest et elle s’infiltre dans ce havre de paix en vue de faire naitre un conflit avec les royaumes environnants et surtout permettre aux morts-vivants de Felheim de dominer les différentes nations d’Aurania. Alors que la jeune Mercia s’apprête à endosser le rôle de monarque de Carmina après la mort de son père, elle n’a pas d’autres choix que de fuir son royaume avec l’invasion imminente des troupes de Felheim dont le royaume se situe plus au sud d’Aurania dans les terres gelées. S’en suit une série de missions où le joueur doit gérer différentes troupes alliées en prenant le commandement de la jeune reine de Carmina et ses vassaux pour demander de l’aide aux autres factions pour vaincre Felheim.
La plupart des niveaux de WarGroove ont des exigences de victoire relativement simples, comme vaincre le commandant ennemi ou prendre leur forteresse. Du moins, sur le papier, car si vous jouez dans le mode de difficulté prévu par les développeurs, vous avez souvent besoin de réfléchir de longues minutes pour déterminer la meilleure approche. L’erreur dans certains niveaux n’est pas permise et vous conduira inexorablement vers la défaite. Perdez votre commandant au cours d’une bataille et les carottes sont cuites ! Vous devrez recommencer le niveau depuis le départ sachant que les affrontements stratégiques de WarGroove sont très très longs. Vous pouvez parfois rester près d’une heure sur le même niveau… Vous pouvez nous croire que vous l’avez mauvaise quand vous perdez un affrontement au bout du 25e tour d’une bataille…
De notre point de vue, la difficulté standard (normal) de WarGroove est un poil exigeante et ne conviendra pas à tous types de joueurs qui pourraient se décourager rapidement. De plus à la moindre modification du curseur de difficulté, vous vous privez de la possibilité de décrocher la note maximale pour chaque mission, à la fin vous ne pourrez obtenir qu’un « A » alors que très vite vous ressentirez l’envie de décrocher le meilleur résultat, « S ».
Certaines missions du mode campagne ont d’autres exigences spéciales comme évacuer les villageois lorsqu’ils sont attaqués, certaines fois vous devrez libérer des prisonniers en infiltrant un château ennemi ou d’autres règles spéciales histoire de donner de la variété à une campagne qui est une succession d’affrontements plus au moins longs. À la fin de chacune des missions, un chemin se dessine sur la carte d’Aurania et vous poursuivez votre route jusqu’à la fin de votre périple.
Certaines fois, des chemins secondaires se forment sur la MAP, ces missions sont optionnelles et servent entre autres à débloquer des missions supplémentaires en mode arcade ou des entrées dans la galerie du jeu. Une galerie qui regroupe toutes les informations de WarGroove permettant de mieux comprendre le rôle de chacun, d’écouter les différents thèmes musicaux ou alors de débloquer une série de croquis qui ont servi au développement du jeu en dépensant les étoiles durement gagnées au cours des différentes missions de la campagne.
Mais revenons au coeur du jeu et ses ressemblances avec la série oubliée de Nintendo, Advance Wars dont WarGroove calque la formule en y ajoutant une pointe de modernité. Les unités que vous contrôlez sur le terrain se présentent sous diverses formes, terrestres, volantes, offensives, défensives toujours avec le style très médiéval imaginé par les développeurs. Ainsi, recrutez différents types d’infanteries avec des chevaliers, les lanciers, des magiciens, ou encore des armes de défenses comme les balistes ou les catapultes. Chacune des troupes que vous recrutez peut se montrer plus efficace contre un autre type d’unité, mais aussi faible face à d’autres types.
Le jeu exige une bonne dose de réflexion stratégique et de prévoyance tactique, surtout que les forces et les faiblesses des différentes troupes ne sont pas les seuls points à prendre en compte. Il faut toujours regarder en détail les avantages que peut avoir une unité, notamment pour ce qui est des coups critiques qui peuvent faire basculer la balance à votre avantage. En effet, vos unités peuvent infliger des dégâts supplémentaires en se situant à côté d’un autre type d’unité, en se tenant sur un morceau de terrain précis ou autres. Quand un coup critique devient possible, le mode de prévisualisation de dégâts avant l’action se met à clignoter permettant au joueur de comprendre que le prochain coup infligé sera critique. Au niveau des différents types de terrains, chacune des cases qui constituent le décor apporte différents effets.
Une forêt vous permettra d’obtenir un bonus de défense +3 ou envoyer une troupe canine au-dessus des montagnes permettra d’améliorer la visibilité des lieux sur une carte partiellement couverte d’un brouillard. WarGroove est rempli de détails de ce genre à prendre en compte lors de vos phases de réflexion stratégique. À noter que les troupes humaines ont la possibilité d’assiéger des maisons sur les différentes cartes en vue d’augmenter le nombre de pièces obtenu à chaque tour. L’or dans WarGroove sert à recruter les différentes troupes alliées, qui coutent plus ou moins cher en fonction du type d’unités.
Au niveau des modes de jeu, WarGroove est définitivement généreux. En plus d’une campagne relativement longue, il y a des missions d’arcade et des problèmes à résoudre pour les joueurs plus exigeants. Les développeurs de Chucklefish ont aussi eu aussi l’idée d’ajouter un mode multijoueur compétitif… Il est possible d’affronter des joueurs du monde entier ou même affronter quelqu’un en local (jusqu’à 4 joueurs) apportant ainsi une double dose de fun au titre. Et si vous n’en avez pas assez, WarGroove vous permet de créer vos propres contenus avec un éditeur qui vous permet de créer vos campagnes et vos cartes et ensuite de les partager sur le réseau pour que d’autres joueurs qui possèdent le jeu en profitent également.
★ En conclusion WarGroove ça donne quoi ?
WarGroove est assurément une bonne pioche pour les amoureux des jeux stratégiques d’antan au style tout en pixels et pour ceux qui ont adoré Advance Wars. Le problème qui se pose, c’est surtout dans la longueur des affrontements de la campagne qui demanderont un réel investissement de votre part. Certaines missions trainent en longueur et peuvent vous tenir devant l’écran pendant une bonne heure sachant que l’erreur et la défaite ne sont jamais très loin au fur et à mesure que les tours s’enchainent. Le contenu est dense et vous en aurez pour votre argent entre campagne, mode arcade, multijoueur ou encore l’éditeur de niveaux qui vous permet de créer vos propres contenus. Malheureusement, WarGroove est assez répétitif dans son genre, il y a un manque de variété dans le gameplay et la gestion des troupes entre les différentes factions ne se renouvelle pas assez au fil des heures pour que vous y trouviez un réel intérêt sur la longueur.