La licence Nioh est souvent perçue comme une sorte de « Souls Like » par les joueurs, un genre qui repose avant tout sur une expérience de jeu ardu qui demande une grande concentration. Tout comme dans un Dark Souls, le moindre ennemi peut vous tuer en quelques instants si vous évaluez mal la situation et prenez des risques inconsidérés entrainant inexorablement la mort de votre personnage avec toutes les conséquences qui vont avec bien sûr, c’est-à-dire le retour au dernier point de contrôle activé et quelques pertes au passage. Et là où le système est vicieux, c’est que tous les monstres que vous avez battus sur votre route auront réapparu rendant donc la progression plus difficile.
Cependant même si Nioh premier du nom proposait une difficulté assez relevée, les choses avaient tendance à se tasser sur la durée notamment due au nombre de pouvoirs qu’il était possible de débloquer en cours d’aventure, des pouvoirs qui facilitaient tellement les choses que même les boss les plus impressionnants n’opposaient plus aucune résistance. Avec la sortie de Nioh 2, qu’en est-il aujourd’hui, la suite est-elle à la hauteur du premier épisode ? Les idées sont-elles assez nombreuses pour ne pas avoir la sensation de jouer à un Nioh 1.5 ? C’est ce que nous allons voir dans ce test.
Adieu William Adams, place à un éditeur de personnage :
Si dans le premier Nioh les joueurs incarnaient un certain William Adams, un samouraï d’origine occidentale, avec ce deuxième opus les développeurs ont préféré donner la possibilité aux joueurs de créer un personnage à leur image. Dans Nioh 2 vous incarnez donc un samouraï (homme ou femme) que vous créez par vous même avec un puissant éditeur de personnage. Clairement, la Team Ninja met entre les mains des joueurs une multitude d’options, rien que la création de l’avatar que vous contrôlerez dans le jeu peut vous demander de 30 minutes à une heure si vous êtes du genre « très » exigeant.
Une personnalisation qui ne sera d’ailleurs pas inutile comme dans un Dark Souls par exemple puisque votre personnage apparait dans presque toutes les scènes cinématiques du jeu et ce qui frappe dès l’ouverture, c’est l’intégration plutôt réussie de tous types de modèles que vous pouvez créer avec cet éditeur.
Bien que l’aspect narratif n’était pas le point fort de Nioh premier du nom, les équipes de la Team Ninja ont fait un réel effort avec ce deuxième épisode. Les faits débutent une cinquantaine d’années avant le début de Nioh premier du nom (ce qui en fait donc une préquelle) et se développe sur une très longue période, mettant toujours en avant un pays dévasté par la présence des démons Yokai. On comprend alors très vite que notre alter ego est un hybride, né d’un père humain et d’une mère Yokai… Il se fait appeler « Hide » peu après sa rencontre avec un certain Tokichiro, un marchand de pierres d’âme qui cherche à laisser son empreinte dans l’histoire. Ensemble, ils sillonnent tout le Japon à travers l’ère Sengoku. Une mystérieuse entité impliquée dans le passé de « Hide » (le personnage contrôlé par le joueur donc) ne manque pas de faire son apparition et faire obstacle à chaque occasion ponctuant ainsi le récit de Nioh 2 de mission en mission.
Un système de combat punitif ou la moindre erreur vous coute la vie :
Tous les monstres Yokai et adversaires humains que vous rencontrez dans Nioh 2 nécessitent une certaine approche. Tout est fait pour vous déstabiliser, chaque nouvel ennemi rencontré est un danger potentiel, aussi petit soit-il. En effet, il y a eu un très gros travail sur le bestiaire du jeu, ils ont chacun un set de mouvements différents. Vous n’avez donc pas le choix d’observer le comportement de chaque ennemi que vous rencontrez et surtout d’apprendre pour savoir comment réagir en conséquence.
Ce qui ne change pas en revanche et que tous les ennemis du jeu ont en communs (incluant les boss), c’est une attaque dévastatrice qui peut être contrée simplement en réalisant ce que les développeurs appellent un contre explosif. Ce contre explosif est vraiment utile tout au long de l’aventure. Le but est simple, quand un ennemi commence à concentrer une aura rouge autour de lui c’est qu’il s’apprête à vous frapper durement, ce qui peut vous tuer en un coup si vous n’êtes pas assez vigilant… C’est à ce moment que vous devez avoir de vrais réflexes de ninja pour réaliser un contre explosif invoquant ainsi votre part d’hybride Yokai et hébétant votre adversaire l’exposant ainsi à vos prochaines attaques. Mieux, un contre explosif réalisé au bon moment aura pour effet de produire une super attaque qui déclenche chez le joueur un vrai sentiment de puissance.
D’ailleurs, bien que l’approche des monstres se montre assez compliquée les premières fois que vous les rencontrez, dès lors que vous savez comment réagir devant eux la tendance s’inverse, ce n’est plus vous qui vous faites punir, mais bien les monstres en question. Il y a un réel sentiment de puissance qui se dégage dans Nioh 2. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le jeu vous limite dans vos actions avec une barre de « KI » qui représente l’endurance de votre personnage. Cette notion était déjà présent dans Nioh premier du nom et les développeurs ont choisi de continuer sur cette voie-là. Et c’est bien cette jauge de KI qui limite votre fenêtre d’action qui vous conduit souvent à l’erreur et ainsi à la mort et qui complique donc la progression. Il faut savoir en revanche que vous et vos ennemis humains êtes limités par ce même système d’endurance. Les Yokai eux ont aussi une jauge qui apparait en violet, mais ce n’est pas vraiment de l’endurance et ne sont donc pas limités dans leur nombre de coup. C’est à vous le joueur de frapper correctement un Yokai en exploitant force et faiblesse pour ainsi réduire cette jauge qui exposera le Yokai quand elle deviendra complètement rouge. Pour arriver à un bon résultat, il devient alors nécessaire de maitriser la perte de « Ki » de son personnage en réalisant ce que les développeurs appellent une « impulsion de Ki » qui permet pendant un bref instant de récupérer une bonne partie de sa jauge d’endurance d’un coup si vous appuyez au bon moment sur la touche.
Selon nous, la meilleure approche dans Nioh c’est de prendre chaque ennemi individuellement. Se retrouver face à des groupes d’ennemis n’est pas une bonne idée du tout surtout quand vous savez pertinemment que votre jauge d’endurance va devenir rapidement un problème et vous mettre en danger. Si votre personnage se retrouve essouffler par manque de « KI » vous ne pouvez tout simplement plus le contrôler pendant au moins 5 ou 10 secondes ce qui a de fortes chances de conduire à votre mort.
D’un point de vue équipements, vous pouvez habiller votre personnage de la tête aux pieds et équiper pas moins de 4 armes. Deux à distance et deux de mêlées pour varier les plaisirs sachant que chaque arme donne accès à différents types de combos personnalisables et un style de combat unique. Vous avez la possibilité d’améliorer vos attributs, apprendre de nouvelles techniques via un système de points de compétences à dépenser dans plusieurs sphériers c’est très complet. En plus de cela, le côté hybride de votre personnage moitié humain et moitié Yokai lui permet de récupérer des noyaux d’âmes lorsqu’il terrasse un ennemi ce qui permet au joueur de copier les différentes capacités de Yokai et les utiliser en combat.
Foire au « loot » des équipements par dizaines :
Tout comme Nioh 1, vous ramassez des tonnes d’équipements que vous pouvez équiper à votre personnage. Il pleut littéralement des armes, armures et objets à mesure que vous tranchez du Yokai sur votre chemin. À vous alors de vous organiser pour comprendre rapidement lesquels sont les meilleurs… Les développeurs ont ajouté pas mal d’indicateurs visuels pour vous permettre de comprendre rapidement que vous avez tout intérêt à utiliser cet équipement plutôt qu’un autre avec en plus un code de couleur qui régit la rareté d’un objet.
Tout le reste du butin vous l’offrez en offrande à de petits esprits Kodama lorsque vous priez dans un sanctuaire pour obtenir en retour de l’amrita ou des objets divers. Il y a aussi la possibilité de démanteler les armes et armures non utilisées au forgeron quand vous êtes sur la carte du pays hors mission. C’est très similaire à ce qu’on retrouvait dans Nioh du nom, presque une copie conforme…
Un sentiment de recyclage poussé des missions et environnements parcourus :
Plus encore que dans Nioh premier du nom, les équipes de la Team Ninja on choisi de multiplier les missions secondaires que le joueur peut entreprendre entre deux missions principales. Des missions qui sont de toute manière presque obligatoires à terminer (surtout si vous êtes un joueur solo) pour garder l’équipement et le niveau de votre personnage au top. Le problème c’est que la plupart des missions secondaires se jouent dans des environnements que vous avez déjà traversé une première fois voir déjà deux fois. À ce niveau ça fait malheureusement office de remplissage…
Votre temps de jeu est occupé par des tonnes de missions principales et de missions secondaires qui vous permettent d’obtenir des points de compétence, des gestes et de l’équipement supplémentaire. Au fil de la progression vous débloquez aussi des missions crépuscules qui sont des versions bien plus dures de missions que vous avez déjà terminées, mais qui rapportent plus gros si vous arrivez à les terminer. La progression est très similaire à Nioh premier du nom. La structure, les menus, la carte du monde absolument tout fait penser au premier jeu.
Nous regrettons également un peu que les développeurs aient joué la carte sournoise de placer certains pièges mortels par-ci par-là (mais genre bien caché) qui vous tombe dessus comme un cheveu sur la soupe et entrainant votre mort immédiate juste pour garder un semblant de difficulté. Nous avons ressenti quelques frustrations à cause de cet aspect qui se montre de plus en plus présent au fil de l’avancement.
En solo ou en coopération, à vous de choisir :
Tout comme dans le premier jeu, il est possible de joueur en coopération avec un autre joueur en ligne ou bien de faire toute l’aventure en solo. Pour notre part, nous avons fait tout le jeu en solo sans jamais utiliser les fonctions en ligne. Ce n’est qu’après la fin que nous avons commencé à regarder de plus près comment fonctionnait la coopération du jeu. Vous pouvez devenir visiteur et rejoindre une partie d’un autre joueur pour lui venir en aide ou invoquer vous-même un autre joueur en pleine mission en utilisant un objet spécial. Il faut savoir qu’une invocation de joueur avec ce système est assez contraignante, car en cas de mort il disparait et est renvoyé chez lui.
Tandis que si vous décidez de lancer une mission coopérative depuis le départ via la carte du monde, alors vous avec la possibilité de vous préparer avec l’autre joueur dans le salon et mieux coopérer au cours de la mission avec une jauge qui apparait à l’écran qui dicte combien de réapparitions les joueurs peuvent dépenser avant que la mission ne soit déclarée comme un cuisant échec. Les tombes rouges signalant les morts des autres joueurs sont toujours là et vous pouvez les invoquer à tout moment. Un personnage apparait alors géré par l’IA représentant le personnage du joueur mort à cet endroit avec l’équipement qu’il utilisait à ce moment.
Vaincre un « joueur » comme ceci peut permettre de récupérer des pièces d’équipements par exemple ou encore obtenir des points de gloire. Il est aussi possible d’invoquer des joueurs (toujours géré par l’IA) via des tombes bleues qui apparaissent dans les différentes missions du jeu. Avec un objet appelé « jaspe Juste » vous pouvez vous aussi laisser à tout moment votre tombe dans un niveau pour qu’un autre joueur l’utilise comme aide pour avancer.
★ Au final Nioh 2, une simple version 1.5 ?
C’est un peu le sentiment que nous avons eu en jouant à Nioh 2, la progression est bien trop similaire au premier épisode. L’histoire est divisée en missions que vous pouvez choisir sur la carte du pays, qui est à son tour divisée en plusieurs régions tout comme le premier opus. Vous enchainez les missions une à une principales comme secondaire avec une structure et un cheminement de lieux qui se veulent assez linéaire. L’expérience est toujours aussi cool que dans le premier n’allez pas penser que ça en fait d’un coup un mauvais jeu, mais nous aurions aimé une réelle prise de risque des équipes de développement pour bousculer les codes du premier jeu.
Le contenu de ce second opus pourrait être perçu comme une grosse extension de Nioh 1, le cheminement des missions, la structure générale et les menus sont presque calqués sur le premier. En revanche, le gameplay, l’univers et le plaisir de jeu sont toujours aussi présents. Vous ne ressentirez aucune minute d’ennui en jouant à Nioh 2 c’est certain. Le jeu est long, le contenu incroyablement conséquent et si vous aimez les jeux de samouraïs en général il serait dommage de se priver et de passer à côté de cette pépite. Espérons une vraie prise de risque si le chantier d’un Nioh 3 démarre un jour.